jeudi 16 juillet 2009

les pistes cyclables

Je soupçonne les gens de mentir.
Quand ils disent "je vais acheter un pinte de lait", c'est faux.
Quand ils clament "je pars au boulot", c'est un mensonge éhonté.
Quand ils assurent "non, non, je ne peux pas te voir, je réécoute les funérailles de Michael Jackson sur le net", menterie suprême.

Tous, ils enfilent leur combinaison de lycra, leur casque Louis-Garneau, leurs étranges souliers malléables et leur gaines-culottes rembourrées. Tous, ils vérifient la pression des pneus, testent la rapidité de réponse de leurs freins.

Tous, ils s'en vont rider sur les pistes cyclables de Montréal.

En moins de deux, ils prennent d'assaut le circuit cycliste. Que ce soit un mercredi après-midi hors des vacances de la construction ne leur fait pas froid aux yeux. Ils vont manger la route.
Ils sortent de l'ombre, ils se rassemblent en crew infernale.

Toi, tu ne veux que sentir le vent dans tes cheveux, faire un peu d'exercice physique pour t'éloigner de la culotte de cheval, rejoindre un ami en quelque part, protéger la planète en montant sur ton bécyk. Mais c'est impossible.

Devant se positionnent les freaks, ceux qui se font barrer du circuit Gilles-Villeneuve parce qu'ils endommagent le bitume à force de rouler à la vitesse du son. Et tout autour de toi qui ne fais que se rendre d'un point A à un point B, il y a les autres. Ceux qui roulent tranquillement, juste à la limite de l'insupportable, ceux qui se placent en plein milieu de la piste, empêchant quiconque de les dépasser sans danger, s'arrêtant sans raison, se collant au cul des personnes normales qui se sentent alors immédiatement contraintes à faire du tandem involontaire avec Guy, Chantal et les marmots. La ride qui s'annonçait pourtant bien devient alors un cauchemar où tu essaies tant bien que mal de zigzaguer entre les mononcles sans te faire heurter par Lance Armstrong et son cancer des testicules. On peut tu se dire que tu n'es pas en train de profiter de la beauté du paysage et du plaisir qu'apporte la décharge de sérotonine dans ton cerveau de sédentaire?

J'haïs les pistes cyclables.

Elles me donnent envie de rouler sur l'échangeur Turcot, de renverser les piétons sur les trottoirs, de poser un réacteur qui fait du feu à l'arrière de mon bike pour brûler Guy, Chantal et les marmots. Elles me donnent envie de m'acheter un char conçu en 1981, loin, très loin des normes environnementales en vigueur actuellement. Elles me donnent envie de boycotter toutes les brillantes recommandations du ministère de la santé qui aime suggérer aux québécoisEs une marche de 15 minutes deux fois par jour pour éviter l'obésité. Elles me donnent envie de m'acheter un quadriporteur, de mettre un triangle fluo en arrière et de faire chier tout le monde, tant dans la rue, sur les trottoirs que sur les pistes cyclables.

- Mégère -

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